En partant du parking des Jacobins où il est facile de se garer, vous partirez pour une balade à l'est de La Réole à la découverte du site historique du Mirail. Vous croiserez également de nombreux moulins, un site gallo-romain, des fortifications et une piscine des années 60. Mais le clou du spectacle sera les vues imprenables sur la Garonne et sa vallée !
FEUILLE DE ROUTE
Porte Saint-Martin
La porte Saint-Martin était la porte fortifiée la plus à l’est du système défensif de La Réole. Située sur la troisième enceinte construite à partir du 14e siècle pour englober tous les nouveaux quartiers et établissements religieux qui nécessitaient alors une protection, la porte Saint-Martin ouvrait sur la route de Marmande ou de Toulouse.
En 1779, le gouverneur de Guyenne donne l’autorisation de démolir la porte Saint-Martin qui menace ruine. Sur place, on peut tout de même voir quelques restes de fortification sur lesquels vient se greffer le rempart de la troisième enceinte.
La manufacture à tabac
La Manufacture à tabac est un énorme bâtiment industriel d’une superficie de 9500m², construit au milieu du 19e siècle pour répondre à l’essor que connaît l’industrie du tabac à cette époque. La région autour de la Réole produit alors énormément de tabac, en témoigne les nombreux séchoirs à tabac que l’on peut voir dans la campagne, et les établissements de traitement du tabac à Langon sont débordés par l’importance des récoltes. Construire une usine de tabac à La Réole, entre celles de Langon et Marmande, s’impose rapidement comme une évidence pour les élus locaux.
La manufacture de La Réole reçoit alors le tabac des coopératives de Gironde et du Lot-et-Garonne afin de le préparer pour la fabrication des cigares et cigarettes par fermentation naturelle. Construit suivant le plan-type des manufactures de l’état, le bâtiment adopte une forme en U. Situé juste au-dessus de la gare pour des questions pratiques, la manufacture est reliée à celle-ci par un tunnel-toboggan servant à transférer le tabac.
En 1981 la Manufacture est obligée de fermer ses portes suite à la baisse de consommation de tabac. Mais en 1995 André Sagne, un riche entrepreneur local, rachète le bâtiment pour en faire un musée dédié à l’automobile, qui perdurera jusqu’en 2006.
Moulin des Justices
Cette tour isolée dans une propriété privée est en fait un ancien moulin à vent aménagée en habitation au 19e siècle. Des fenêtres y ont été percées ainsi qu’un balcon pour un meilleur confort.
Le nom du lieu “aux justices” évoque le lieu où se trouvaient les fourches patibulaires, c’est à dire une installation faite de plusieurs piliers (le nombre variant suivant le rang du seigneur) et de poutres servant à exécuter ou exposer aux yeux de tous les condamnés à mort.
Ces fourches, au même titre que les piloris ou les gibets distillaient au quotidien le message de la justice. Elles étaient souvent disposées à des carrefours importants ou sur des grands axes (comme ici) pour marquer l’entrée de la seigneurie et frapper les esprits, susciter la peur et l’effroi.
Villa Pontesia
Dans les terrains entourant le chemin de la Tour, ont été retrouvés de nombreux restes archéologiques. En effet, tout le versant exposé au sud entre le moulin du mirail (situé sur la butte en haut du chemin) et la rivière semble avoir été occupé dès l’antiquité, notamment par une villa gallo-romaine datant du 1er siècle et surnommée “Villa Pontesia” par les archéologues du 19e siècle.
En 1839, on pouvait voir de part et d’autre de la nationale les murs de cette villa qui s’élevaient encore pour certains d’entre eux jusqu’à une hauteur de 2m !
Lors de la construction du chemin d’accès au lotissement de la Récluse, on a découvert une nécropole mérovingienne datant du 7e siècle. 19 sarcophages en calcaire ont été ainsi mis au jour, les mieux conservés étant aujourd’hui exposés dans le cloître du prieuré de La Réole.
Croix de La Recluse
A l’emplacement de la villa gallo-romaine de Pontesia fut également érigée une chapelle dédiée à Saint-Martin, aujourd’hui complètement disparue. Certains spécialistes pensent que cet édifice et son cimetière correspondraient à la paroisse primitive de La Réole Saint-Martin. La croix en pierre située à l’entrée du lotissement de la Recluse, indiquerait l’emplacement de l’ancienne chapelle. A noter que le socle de cette croix est en fait un morceau de corniche antique…
Le nom de la Recluse provient d’une légende concernant la belle-soeur de Waïfre, duc d’Aquitaine au 8e siècle. Celle-ci s’était retirée en ce lieu, après s’être convertie au christianisme, pour vivre en recluse dans une petite cellule. Waifre, qui lui était païen, vint sur place pour tenter de lui en dissuader. Celle-ci voulant le convertir, fit un miracle devant lui, en posant sur un rayon de soleil ses gants et son manteau qu’il venait de quitter. Irrité, le duc fit pendre la malheureuse à un ormeau et raser la cellule. Deux anges enlevèrent le corps pendant la nuit...
Plus vraisemblablement, le nom de la Recluse vient du fait qu’une recluse aurait vécu sur le site, c’est à dire une femme qui aurait décidé, dans une forme extrême de pénitence, de s’enfermer vivante dans une petite cellule pour la vie… Seules des petites ouvertures lui permettaient d'assister aux offices de l’église mais aussi de recevoir de l’eau et de la nourriture des passants. D’après la tradition orale, des soldats rasèrent la chapelle Saint-Martin au 14e siècle et pendirent la recluse.... Le peu de pierres qui restaient de la chapelle furent utilisées en 1562 pour consolider les portes de la Mer et de Saint-Martin face à l’attaque imminente des Huguenots (protestants pendant les guerres de religions).
Signe de l’importance du lieu, la population venait prier ici par dévotion le jour de pâques jusqu’au 18e siècle.
Le Mirail
Le Mirail est un tertre naturel dont le sommet est occupé par un ancien moulin à vent qui domine la Garonne et l’ancienne route de Bordeaux à Toulouse. Le moulin, à peine visible depuis la route, à été modifié au cours du 20e siècle par l'ajout d’une tourelle d’escalier et d’un belvédère vitré du plus bel effet !
Le terme Mirail désigne un lieu d’où on voit loin, d’où on a une belle vue, et effectivement, le site du Mirail frappe par sa position dominante au-dessus de la Garonne qui a dû attirer les convoitises.
Les faits archéologiques donnent raison à cette intuition, car tout comme la Recluse en contre-bas, le Mirail a été occupé à de nombreuses époques. Si le moulin à vent lui même ne date que du 18e siècle, plusieurs sarcophages en pierre ont été exhumés lors de sa construction, ainsi que de nombreux débris d’un bâtiment gallo-romain.
La butte sur laquelle est construit le moulin, est de forme carrée entourée d’un fossé, et pourrait bien être une motte féodale ayant accueilli un ouvrage militaire au moyen-âge. Enfin, une chapelle Saint-Marc aurait été construite au sommet du tertre, puis détruite depuis car rien ne subsiste aujourd’hui en apparence…