Ce circuit vous fera découvrir les charmes de la petite vallée du ruisseau du Pian qui sépare les communes de Carignan-de-Bordeaux et de Bouliac. Ce petit cour d’eau qui prend sa source dans la forêt en contrebas du château du Pian, coule tranquillement jusqu’à Latresne pour aller ensuite se jeter dans la Garonne en face de l’île d’Arcins.
Cette petite vallée, tranquille et préservée, regorge de surprises pour qui sait prendre le temps d’observer: un vieux moulin à eau perdu dans les bois, un petit pont en pierre recouvert par la végétation, un ancien bassin ayant servi de vivier puis de cressonnière...
Mais le plus impressionnant reste l’alignement de belles demeures et châteaux installés sur les hauteurs pour dominer la vallée: château du Pian, de Malakoff, Saubat et Clos de Tojan rien que sur le territoire de Bouliac.
Vous passerez également par le parc de Loc Boué, écrin de nature protégé au fond d’une cuvette. Sans oublier le point de d'arrivée de la boucle, sur la place de l’église d’où vous aurez une vue imprenable sur Bordeaux et la vallée de la Garonne.
FEUILLE DE ROUTE
Domaine de Bellevue
Il n’est pas difficile d’imaginer d’où vient le nom de ce joli domaine ! Situé idéalement sur la pente abrupte du plateau dominant la vallée de la Garonne, la vue y est effectivement belle.
Lors d’une vente en 1750, le domaine est décrit ainsi: “Ce bourdieu situé au lieu-dit Couthures, près de l’église, consiste en maison de maître, logement pour valet, chai, cuvier, jardin, charmille, puits et vignes”. La maison est typique des chartreuses de la région.
Depuis le milieu du XIXe siècle, les membres de la même famille continuent de se transmettre la propriété de cette demeure pleine de charme et qui fut peut-être elle aussi le fameux domaine énigmatique acquis par Pey Berland lors de sa cure à Bouliac au XVe siècle.
Croix de mission en pierre
Afin de restaurer la spiritualité auprès des populations qui, au cours de la période révolutionnaire avait déserté les offices, l'Eglise organise dés le début du XIXe siècle une nouvelle évangélisation des campagnes, par le biais, notamment, de missions pastorales.
Ces dernières, destinées à assurer le renouvellement de la ferveur religieuse, sont assurées par un missionnaire diocésain. Elles s'articulent autour de sermons et de mise en scènes spectaculaires telles que l'érection de croix dans le centre ou à l'entrée du village, comme par exemple celle située à l’extrémité du parking du stade.
Malheureusement, la croix érigée à l’occasion de la mission de 1834, fut détruite lors d’un accident de voiture en 2009 puis d’autobus en 2011 qui acheva de la pulvériser. La croix actuellement en place est une copie refaite à l’identique.
Source de Loc Boué
Ici, cachée sous un tapis de lierre, se trouve l'ancienne source de Loc Boué. Oubliée de tous, cette petite fontaine se dérobe au regard du promeneur trop pressé. Il faut bien fouiller dans la petite dépression pour découvrir la petite maçonnerie qui abritait jadis la source.
Elle rappelle le temps pas si lointain où l'eau courante n'existait pas. Au XIXe siècle, un foyer utilisait environ 20 litres d’eau par jour. Il fallait alors aller chercher l’eau au puits ou à la source la plus proche avec des seaux. L’eau ramenée ainsi devait servir pour toute la journée afin se laver, boire, faire la cuisine et laver le linge.
Tout prés de la source, se tenait autrefois une petite maison qui a donné son nom au parc: Loc Boué.
Moulin à eau du Pian
Cet ancien moulin à eau, appelé moulin du Pian ou moulin de Vergnes, est un des cinq moulins à eau ayant existé à Bouliac. Situé à la limite des communes entre Carignan-de-Bordeaux et Bouliac, il est aujourd'hui en ruine et perdu au milieu des bois.
Ce moulin existait déjà en 1522 mais il est probable qu’il soit encore plus vieux, contemporain sans doute de la maison noble du Pian située juste au-dessus et attestée au début du 14e siècle.
Sur place on reconnaît le bief de dérivation qui amenait l'eau du ruisseau juste au dessus du moulin par un système ingénieux de petites chutes d’eau accélérant le débit. Au moulin on découvre la salle principale où se situaient le mécanisme et les meules, et une pièce plus petite au sud servant sans doute d’habitation au meunier.
Enfin, la partie la plus impressionnante est l’ancienne chute d’eau haute de 4 mètres. Cette cascade est bâtie en forme de toboggan avec, à son sommet, deux pans de murs qui servent à canaliser l’eau. Au centre de ce toboggan se trouvait une roue à aube qui, actionnée par la chute d’eau, permettait de moudre le grain.
Ancien vivier
Au fond du vallon boisé, vous trouverez l'ancien vivier du château du Pian, transformé plus tard en cressonnière.
Les viviers sont des étangs artificiels, où généralement des salmonidés (truites et saumons) et de nombreux autres poissons, écrevisses et amphibiens y étaient conservés pour les vendredis où la coutume voulait qu'on mange du poisson et pour les jours de jeûne ou de disette.
Une cressonnière est une espace aquatique dédié à la culture du cresson de fontaine (à ne pas confondre avec les autres cressons).
Le cresson de fontaine était réputé chez les Romains qui en mangeaient de grandes quantités, notamment parce qu’ils croyaient que cette plante pouvait prévenir la calvitie et qu’elle stimulait l’activité de l’esprit. Les Grecs affirmaient que le cresson pouvait « redonner raison aux esprits dérangés » et atténuer les effets de l’ivresse. Dioscoride, au premier siècle, lui trouve des vertus aphrodisiaques et, au Moyen Âge, on pense qu’il agit comme antidote des philtres !
Domaine de Saubat
Le domaine de Saubat est situé au sommet d’un coteau exposé au sud, anciennement dénommé “en haut de la côte grillée”. Avec le château du Pian, de Malakoff et le Clos de Taujan, il fait partie de ces beaux domaines ayant appartenu à des nobles et des riches négociants bordelais, surplombant la petite vallée du ruisseau du Pian.
Celui de Saubat est caractéristique des châteaux que se faisaient bâtir, dans la deuxième moitié du 19e siècle, les propriétaires de vignobles. A Bouliac, il ressemble fortement à celui de Labarde, construit quelques années plus tôt, et à Kermorvan bâti moins de dix ans plus tard.
Au milieu du 20e siècle, l’industriel Bonnal, de Bègles, l’acheta et installa dans le parc et sur la maison des sculptures de diverses époques. Il reconstruit même dans le parc un petit pavillon octogonal en pierre du 18e siècle provenant d’un de ses domaines à Mérignac.
Du portail, part une allée qui rejoint la maison en traversant un petit bois de diverses essences, notamment de chênes verts. Sur ce chemin ont été replacés les deux piliers en pierre de l’ancien portail du domaine.
Clos de Tojan
La maison noble de Tojan existait déjà au 17e siècle, comme l’attestent des parchemins datés de 1654 trouvés par les propriétaires lors de travaux de restauration. Néanmoins, les plus anciennes traces d’une maison vers cet endroit remontent au 14e siècle dans la documentation médiévale exhumée aux archives. Au 18e siècle, elle passa aux mains de commerçants aisés, le commerce bordelais connaissant un essor sans précédent à cette époque.
Cette belle chartreuse avait à l’origine un plan en U avec une cour fermée, mais les ailes tombèrent en ruine au 20e siècle. On peut encore voir l’ancienne maison du paysan, chargé des travaux agricoles du domaine, à droite du portail. Le puits situé au centre de la cour a une profondeur de 35m, soit la hauteur de la pente face au domaine !
La propriété est idéalement située à l’écart du bourg, le long du vieux chemin de Brousse et dominant la vallée du Pian. Au 18e siècle, le vignoble s’étendait tout autour et arrivait au ras de l’habitation.
Parc de Loc Boué
Créé en 1995 par la municipalité, le parc de Loc Boué est un havre de verdure exceptionnel à la lisière du bourg. Sur près de 6 hectares des parcours tracés au sol serpentent entre des dizaines d’essences d’arbres et arbustes différentes, plantées à l’origine par les enfants de l’école primaire.
Sur les hauteurs du parc, dans la partie sèche où l’eau n’est pas retenue, s’épanouissent chênes verts, pins parasols, cèdres de l’Atlas, donnant à la colline un air de pays méditerranéen. A mi-pente, les ruissellements du sommet créent un biotope d’équilibre assez humide idéal pour les chênes sessiles, charmes, érables, ormes, tilleuls à grandes feuilles et merisiers. Enfin, les terrains limoneux situés dans la partie basse favorisent les chênes pédonculés, noyers, tulipiers, platanes et séquoias.
A noter l’existence dans la partie basse de trois magnifiques chênes entourant les reste d’une source ou d’une fontaine bâtie. Se tenait à proximité une petite maison détruite par l’usure du temps.
Vous ne pourrez qu’être époustouflés par les nombreux points de vue qu’offre le tour du parc. Véritable cuvette naturelle protégée par les coteaux, le parc est au cœur même d’un réseau de chemins et de sentiers qui vous feront découvrir le territoire de Bouliac.
Mairie
La mairie présente une architecture caractéristique du 19e siècle. Le bâtiment est destiné à recevoir dès l'origine les services municipaux de la mairie et les écoles séparées de garçons et de filles.
Le choix de sa conception fit l’objet de nombreux débats très vifs au sein du Conseil Municipal en 1878 concernant l’accès aux classes. Il s’agissait en effet de déterminer s’il était moralement acceptable ou pas de ne construire qu’un seul escalier à l’intérieur du bâtiment dans lequel Monsieur l’Instituteur puisse être inévitablement amené à rencontrer Madame l’Institutrice. La configuration actuelle de l’édifice montre que les réalités budgétaires l’ont finalement emporté sur les questions de morale.
Après le déménagement des Ecoles, le rez-de-chaussée servit de lieu de fonction pour les instituteurs jusque dans les années 1980, avant que le bâtiment ne soit complètement réaménagé au profit exclusif des services administratifs de la ville.
Cette mairie est l'une des rares en France où n’apparaît pas sur la façade la devise de la république: “Liberté, Egalité, Fraternité”.
Bains-douches
Les douches municipales ne sont ouvertes au public que très tardivement. Prévue initialement pour 1956, dans le cadre des travaux d'adduction d’eau lancés par la municipalité depuis 1951, leur ouverture n'a cependant lieu qu’en 1964. En effet, les puits sur lesquels elles fonctionnaient étaient insuffisants à leur alimentation.
Chacun pouvait se rendre aux bains-douches le samedi de 14:00 à 18:00, ou le dimanche à 11:00 au tarif unique d'un franc. Le jeudi était réservé aux enfants. Ce service périclite à la suite des progrès domestiques. Désormais, le local sert au rangement des archives municipales.
Église Saint-Siméon
Edifiée au 12e siècle et dédicacée à Saint Siméon le Stylite, l’église de Bouliac constitue un véritable joyau de l’art roman. Située à l’emplacement d’un ancien oratoire gallo-romain connu par les écrits de Grégoire de Tours pour avoir été un lieu de miracle au 6e siècle, elle se compose d’un clocher, d’une nef, d’un chœur et d’une sacristie. Seule la nef date encore du 12e siècle.
La fortification du chœur financée par Pey Berland alors curé de la paroisse date du 15e siècle tandis que le clocher appartient à la campagne de restauration des églises rurales orchestrée par le Cardinal Donnet au 19e siècle. Les importantes restaurations entreprises à partir du second empire n’ont en rien altéré la beauté romane de l’édifice.
L’abondant décor sculpté concours à la notoriété de cette église qu’il s’agisse de son portail occidental à voussures représentant d’importantes scènes bibliques ou les chapiteaux qui complètent parfaitement l’ensemble. Une véritable iconographie du salut où se combattent le Bien et le Mal y est partout déployée. Les peintures murales, le riche mobilier intérieur et la galerie de tableaux, dont un offert par l’Empereur Napoléon III, enrichissent l’esthétique de l’édifice à nouveau restauré durant les années 1990. La remise en état de son orgue est actuellement en cours.
Place Chevelaure
Magnifiquement située au pied de l’église offrant aux spectateurs admiratifs un belvédère remarquable, la place Chevelaure a toujours occupé une place de choix dans le cœur des bouliacais. Endroit où se célèbrent avec joie les mariages, elle fut aussi pendant des siècles le lieu où se tenait le cimetière du village avant son déménagement.
Baptisée du nom d’un bienfaiteur qui légua sa fortune aux pauvres de Bouliac, elle accueille aujourd’hui de nombreuses festivités et cérémonies en raison de sa situation géographique et de la présence du monument aux morts qui, comme dans chaque village de France, rappelle le sacrifice de ses habitants lors des conflits meurtriers qui marquèrent le 19e siècle.
Jusqu'en en 1855 se tenait à la place du monument aux morts, la tour du télégraphe optique de Chappe. Cet ancien procédé de communication, inventé par Claude Chappe en 1791, permettait de transmettre des messages entre différentes villes de France en quelques minutes seulement, alors que jusque là, il fallait des heures à un cavalier pour transmettre des messages écrits.
Le principe consistait en des stations placées sur des hauteurs, visibles les unes des autres et surmontées de bras articulés en bois actionnés par un opérateur suivant un code tenu secret. La station de Bouliac était la deuxième sur la ligne Bordeaux - Avignon, la première étant placée en haut de la tour Saint-Michel à Bordeaux.
Belvédère
De tout temps, Bouliac a été conscient de sa géographie exceptionnelle et a su préserver son cadre de vie. Terre de vignobles et d'agriculture, Bouliac a su se moderniser tout en respectant, toujours, son patrimoine naturel.
Son belvédère situé devant le parvis de l’église et le long de la place Chevelaure offre aux visiteurs l’une des plus belles vues qui existent sur la Garonne et la métropole d’Aquitaine inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Une table d’orientation permet à chacun de situer différents points géographiques repérables du Médoc aux Landes.